LE ROYAUME DES HOMMES BLEUSExtraits des chapitres.
CHAP 1 –Le Retour du Prince
" Ranon regardait son épouse quitter la salle du Conseil et se disait que son père avait décidemment fait un choix parfait lorsqu’il lui avait présenté Bely comme la future reine de leur dynastie.
Puis il tourna son regard vers son seul fils encore vivant. Ce dernier était un étrange mélange de Bely et de lui-même : son teint était d’un bleu très clair, ses yeux étaient bleus nuit, ses cheveux étaient aussi noirs que les siens, il était de haute taille et plutôt mince. Drak avait un charme fou ainsi qu’un caractère bien trempé."
CHAP 2 – Le choix du Prince
Ils n’avaient pas perdu leur temps et s’étaient déjà équipés. Les uniformes de protection étaient d’un noir brillant et les faisaient paraître plus âgés qu’ils ne l’étaient en réalité.
Darvan avait un cycle de plus que Drak pourtant il était d’apparence chétive et était même légèrement plus petit. Autant il semblait mal à l’aise et empesé, autant Drak portait l’uniforme avec aisance et décontraction. Il ne put s’empêcher, encore une fois, de railler son aîné.
- Darvan, c’est un uniforme de combat que tu portes, pas une robe de bal ! Tu as le droit de bouger dedans !
- Boucle-la nabot !
- C’est toi la mi-portion ! Je suis déjà plus grand que toi !
- Tu es surtout complètement crétin et je vais te mettre une raclée que tu ne seras pas prêt d’oublier !
Il se rua sur son frère avec une véritable lance à quatre dents avec fureur, ce qui était en principe strictement interdit. Surpris par la violence de l’attaque, Drak eut tout juste le temps de se jeter de côté pour esquiver le coup. Il s’était à peine remis sur ses pieds que Darvan revenait à la charge. Mais cette fois il s’arma à son tour d’une épée et stoppa la lance de son frère au moment où elle s’apprêtait à lui rentrer dans l’épaule.
CHAP 3 – Songes et vérités
Pour Drak aussi l’heure du mensonge et de la dissimulation était terminée et pas uniquement à propos de ses rêves.
- Je vous précise d’abord que je ne suis pas fou et mon père vous a bien exposé la situation. Je n’ai pas renoncé au Trône, j’ai renoncé à y monter avec une épouse, ce qui n’est pas la même chose. Je ne passe pas une seule nuit sans rêver à des hommes blancs, noirs, avec des faciès extrêmement variés, comme s’ils étaient de planètes différentes mais je sais que ce n’est pas le cas. Je vois défiler des paysages splendides…des forêts, des déserts aux couleurs orangés et je la vois, elle…grande, avec des yeux dorés et une peau si noire. Elle me parle car je vois remuer ses lèvres mais je ne l’entends pas…alors elle me montre du doigt la tête d’Izar qui est posée sur une lance. J’essaye de m’approcher mais la tête devient de plus en plus petite et elle rit, elle rit et me désigne une seconde lance…comme si elle allait y accrocher la mienne. Je prends mon arme mais elle s’approche avec une démarche…je ne sais pas comment la décrire, les mots n’existent pas…elle me tend alors les bras mais au moment où je veux la toucher, je me réveille.
- Quand ces rêves ont-ils commencé ? demanda Arousan, dubitatif.
- Il y a presque trois cycles déjà ! Par Ni-Ta que le temps passe vite…sans que rien n’y personne ne puisse l’arrêter…indifférent aux évènements. Mes rêves sont de plus en plus violents, il y a des cadavres de partout en plus de cette femme qui est présente à chaque fois. J’ai de plus en plus de mal à me ressaisir, à différencier la réalité du rêve tant tout me semble réel…et j’ai parfois peur de perdre la raison.
CHAP 4 – Tila
Tila aurait mieux vécu si le roi Ranon n’avait pas toujours été aussi farouchement opposé à ses dons et n’avait pas mené campagne contre elle et ses semblables pendant une bonne partie de son règne, surtout au début !
Elle se mettait en colère dès qu’elle repensait à cette période : de respectée, elle était devenue infréquentable. Elle avait continué à exercer en cachette et avait organisé avec d’autres maïlas un véritable réseau de résistance et d’entraide. Elle avait même fait un assez long séjour dans les prisons du palais et avait été condamnée à quitter Domet pendant cinq cycles.
CHAP 5 – Le Conseil d’Izar
Furieux, il se planta devant son général.
- Serais-tu en train de critiquer mes décisions ?
- Non, je ne me le permettrais pas. Simplement, j’estime qu’il est de mon devoir de vous informer de certains problèmes.
- Pour les hommes, c’est fort simple : tu recrutes des soldats plus jeunes ! Tu bottes les fesses aux blessés légers et tu les renvoies sur le champ de bataille ! Pour l’eau, nous allons réduire les réserves civiles puis prendre celle qu’il y a sur Na’aada dans son intégralité : nous aurons ainsi de quoi terminer la conquête de la planète Orthe et lancer celle de la planète Mouene sans ce soucier du nombre de sorties de nos vaisseaux.
- Mais…
- Mais quoi ! Général Ralla, quel est encore ton problème ?!
- Si nous prenons toute l’eau de Na‘aada, ses habitants mourront dans un délai de trois ou quatre cycles.
- Oui, et après ! Ce ne sont pas nos alliés que je sache, ce sont nos ennemis. Ils peuvent donc tous crever ! QU’ILS CREVENT !!!
CHAP 6 – Le Conseil de Ranon
Ranon venait d’ouvrir le Conseil et tous ses alliés et principaux généraux étaient présents. Il fit l’annonce tant attendue.
- Mes alliés, compagnons et amis ! Je sais que vous attendez tous ce moment depuis fort longtemps. Je sais que je vous ai déçu. Je veux donc tout d’abord vous faire un aveu : j’ai eu tort de désigner Darvan comme prince héritier, tort surtout de ne pas vous exposer pourquoi j’avais écarté Drak du Trône. Je vous dois des explications et les voici.
Pendant que Ranon dévoilait les raisons de la disgrâce de son cadet en même temps que la date de son début de règne, il vit défiler devant ses yeux toute sa vie, comme s’il ne devait pas survivre à ce Conseil. Sans doute parce qu’il savait qu’il était décisif pour l’avenir de leur dynastie.
CHAP 7 – Gimbya et Waldemar
Elle avait amené avec elle du pain sec et était en train de nourrir les pigeons lorsqu’elle sentit qu’elle était observée. Son instinct le lui disait ainsi que tout son corps qui était parcouru par un signal d’alarme qu’elle seule pouvait entendre. Cette faculté de ressentir le moindre fait anormal s’était développée au cours de ses missions, lorsque le danger était omniprésent.
Lentement et le plus naturellement possible, elle se retourna.
CHAP 8 - Naissance et mort des traîtres
Ranon ne le laissa pas poursuivre et le désintégra. Il y avait dans son regard une telle fureur que le groupe avait reculé jusque dans l’angle de la pièce. A sa suite se pressait une vingtaine de soldats d’élite ainsi que le général Arousan.
- Comment avez-vous pu conspirer contre moi et passer un pacte avec l’ennemi pour que le convoi de Darvan soit attaqué ! hurla Ranon de sa voix de ténor.
CHAP 9 – L’armée de Gimbya
Gimbya et Waldemar avaient engagé une course contre la montre. Ils avaient retrouvé les traces d’un mercenaire qu’elle avait rencontré au cours d’un reportage au Darfour. Ils avaient également fait venir d’Inde sous un prétexte fallacieux un informaticien de premier plan, Sarup LIMAT, qui avait monté sa société d’ingénierie et réussi à la faire coter en bourse en l’espace de cinq ans. Il était richissime et avait un sens aigu des affaires.
Ils étaient à Banjul depuis trois jours déjà mais Waldemar souffrait toujours énormément de la chaleur, lui qui était habitué au climat de la Norvège. Il sortait le moins possible et transformait leur chambre en frigo grâce à la climatisation. Il savait néanmoins qu’il allait devoir affronter ce climat tropical car Gimbya avait organisé un dîner avec Sarup.
- C’est l’heure. Nous devons le convaincre de financer une armée, c’est vital et il en a les moyens !
- Il va nous rire au nez ! gloussa Waldemar.
- Probable. Essayons quand même.
CHAP 10 – Alliances
Dès qu’Hila fut de nouveau seul, il prit un verre de mah. Il venait de sceller une alliance avec Drak en personne, il savait qu’il ne pouvait plus faire marche arrière. Jamais il n’aurait pensé un jour devenir un traître à l’Empire. Il avait toujours mis son intelligence au service des empereurs de Mitie, fait torturer et tuer sans le moindre état d’âme car il pensait agir justement. La fin ne justifie t-elle pas les moyens ?
CHAP 11 – Ralla
Ralla c’était aperçu de l’intérêt que ce terrien portait à leur technologie. Pourraient-ils faire fonctionner une navette ? Sans doute, c’était enfantin. Simplement, il ne voulait pas encore les aider de façon trop active car il augmentait les risques de se faire prendre. Il aurait préféré que les terriens parviennent seuls à survivre et résister le temps que Drak et ses hommes arrivent.
Mais si le chaman était réellement puissant, dans quelle mesure pouvait-il vérifier ce qu’il venait de leur dire ? Il était par ailleurs certain que la terrienne doutait de ses propos, il l’avait lu dans son regard. Elle était plus fine que tous les autres réunis, elle posait les bonnes questions et ne s’embarrassait d’aucune formalité. Il soupira. Il s’était engagé dans un jeu risqué au côté d’Hila et il lui arrivait parfois de regretter ce choix. Mais il était de toute façon trop tard pour reculer.
CHAP 12 – Revanches et rencontres
Ralla l’empoigna et l’obligea à lui faire face. Josie tenta de lui donner une gifle mais cette fois il put lui attraper le poignet à temps.
- Arrête ! Tu vas me casser le bras !
- Je te lâcherai quand quelqu’un ici m’expliquera ce qui se passe ! J’espère…j’espère que vous n’avez pas prévu d’attaquer le centre de pompage, parce que c’est voué à l’échec !
Ces paroles furent suffisantes pour faire craquer Josie.
- Ralla, ils vont tous mourir ! Je ne reverrai plus Gimbya !
CHAP 13 – Le fils de Dazar
La survie dans les mines de Sajarte était en moyenne d’un cycle, pourtant Métio travaillait dans cet enfer depuis bientôt trois cycles, ce qui était une durée exceptionnelle.
Son frère était mort il y avait environ un cycle, il avait perdu la notion du temps et ne savait plus très bien. Il savait par contre qu’il avait agonisé lentement pendant des jours, gémissant et pleurant pour qu’on vienne l’achever. Il avait fini par l’étrangler pour abréger ses souffrances puis l’avait enseveli pour éviter qu’il ne soit dévoré par les autres détenus.
Il devait sa survie à sa haine pour l’empereur Izar et le général Zini. Chaque fois qu’il aspirait à mourir il revoyait la façon dont ses parents avaient été assassinés et se remémorait sa promesse de les venger.
CHAP 14 – Désaccord
Ils se mirent tous à parler en même temps, chacun se disputant plus ou moins avec son voisin. Il se dessinait assez vite deux camps distincts, ceux qui ne voulait pas créer de représentation politique et ceux qui estimaient au contraire qu’elle était indispensable.
Gimbya les regardait d’un air détaché. Elle avait bien fait de les réunir pour connaître la position de chacun et si elle n’était pas surprise par celle de Kasuo, elle fut étonnée par celle d’Hans. Mais après tout, peut être était-ce parce qu’il n’avait aucune confiance en la nature humaine et qu’il connaissait les ravages que pouvait faire le goût du pouvoir sur la conscience des hommes.
CHAP 15 – Métio
A l’autre bout de la galaxie, le moment était venu pour Métio de tenter de sortir de la mine. Il n’avait de toute façon rien à perdre. Il avait réussi à récupérer le déguisement que la femme avait caché et Fantie le maquillait du mieux qu’elle pouvait pendant que Lounime faisait écran.
CHAP16 – Le triumvirat
- Nous lançons le compte à rebours ! Alvin, toutes nos troupes doivent êtres prêtes dans six heures. Nous passons à l’offensive la nuit prochaine à minuit précise !
Elle l’avait dit calmement mais à l’idée de ce qui se préparait elle sentit son estomac se contracter et sa tête tourner. Les dés étaient lancés.
- Parfait ! J’attaque le palais d’Izar au même moment avec le général Arousan. Drak, je te laisse le soin de le lui annoncer ?
- Oui ! Et je lance de mon côté la bataille de reconquête de Na’aada !
Ils se regardèrent tous les trois puis levèrent leurs mains droites pour les faire se toucher : ils scellaient une alliance extraordinaire, une alliance pour la paix. L’instant était solennel et historique, ils en avaient tous conscience.
CHAP17 – Minuit
Ranon en personne dirigeait l’offensive sur Na’aada, il attendait patiemment que Drak sonne le début des combats. Il était confiant.
Leurs vaisseaux étaient prêts, les hommes aussi. Drak et Calavel regardaient cette Lune si belle et si blanche qui semblait leur sourire alors que la mort allait être au rendez-vous pour beaucoup d’entre eux.
Sarup était seul avec les derniers représentants terriens et Tobias. Il allait les mettre à l’abri dans un endroit connu de lui seul, ils étaient leur dernier espoir de démocratie et même Gimbya ne savait rien de leur nouvelle demeure. Il se hâtait, l’heure approchait.
CHAP18 – Départs
Elle était désormais sereine de laisser le pouvoir à Yachar, elle avait appris à l’apprécier à sa juste valeur. C’était un homme intelligent, droit et courageux et si quelqu’un pouvait réussir à améliorer le sort des hommes, c’était bien lui. Il était leur dernière chance de démocratie mais elle doutait qu’ils en aient conscience.
Source :
http://www.leroyaumedeshommesbleus.fr/NV. 8)